Périménopause et travail : mieux comprendre pour mieux agir
Longtemps méconnue voire stigmatisée, la périménopause concerne pourtant 17,2 millions de femmes de plus de 45 ans en France. Au-delà des idées reçues (« 12 mois sans règle et quelques bouffées de chaleur »), cette transition hormonale peut se traduire par une grande variété de symptômes – troubles du sommeil, digestifs, articulaires, « brouillard mental »… – qui impactent le quotidien et peuvent modifier la trajectoire professionnelle.
1. Un enjeu de santé au travail encore tabou
Une méconnaissance générale
- À Preventica Bordeaux (15 octobre 2025), Christine Dubon-Cazabat a illustré cette carence d’information : après un mal-être cognitif sévère, elle a été traitée à tort pour dépression, puis suspectée d’Alzheimer, avant de découvrir via l’association Dis Dame Donc le lien entre baisse d’oestrogènes et « brouillard mental ». Cette prise de conscience lui a permis d’élaborer son propre plan d’action.
- Selon Jenna Boitard (fondatrice de Dis Dame Donc), 65 % des femmes concernées estiment que la périménopause a affecté leur carrière.
Des recommandations en cours d’adoption
Auditionnée par la commission parlementaire présidée par la députée Stéphanie Rist, l’association a contribué au rapport du 9 avril 2025, qui formule une dizaine de préconisations pour le monde professionnel. La Haute Autorité de Santé s’est depuis saisie du sujet afin d’émettre des recommandations plus précises et médicalisées.
2. Aménagements simples et temporaires
Exemples concrets de l’infirmière Elodie Chabot
Face à la fatigue chronique et aux bouffées de chaleur, une salariée a pu :
- installer son poste de travail près d’une fenêtre pour réguler sa température ;
- concentrer les tâches nécessitant de l’attention en matinée ;
- faire une micro-sieste de 15 minutes.
Résultat : un meilleur confort, une confiance retrouvée et une harmonie de service renforcée. Ces aménagements, limités dans le temps et réévalués régulièrement, bénéficient aussi à l’équipe dans son ensemble.
Former et sensibiliser l’encadrement
En collaboration avec le médecin du travail, des sessions d’information sont proposées aux managers et aux équipes (même en comptabilité !), à l’aide de supports pédagogiques illustrant les variations hormonales sur deux décennies. Le dialogue s’instaure, l’isolement se rompt et l’entraide se développe.
3. Le rôle clé du médecin du travail
Pour le Dr Murielle Dingboe, « la périménopause n’est pas une maladie mais une étape de vie ». Elle rappelle les symptômes fréquents (insomnies, fatigue, troubles de la concentration, douleurs articulaires…) et propose, après évaluation individuelle, des aménagements organisationnels :
- horaires adaptés (décalés ou allégés) ;
- priorisation des déplacements ;
- durée testée sur trois mois avec réévaluation.
Ces mesures respectent la confidentialité et génèrent un véritable effet « gagnant-gagnant » : la salariée se sent écoutée et l’employeur limite l’absentéisme.
4. L’accompagnement par Dis Dame Donc
Association spécialisée dans les sujets de santé féminine souvent négligés (ménopause, maladies cardiovasculaires chez la femme, endométriose, soutien à l’allaitement, santé mentale périnatale…), Dis Dame Donc :
- édite articles, brochures et podcasts ;
- anime des programmes pluridisciplinaires (15 à 35 participantes) réunissant médecins, diététiciens, psychologues, sexologues…;
- intervient auprès des professionnels de santé (ex. journée mondiale de la ménopause, 18 octobre 2025).
Conclusion
Prendre en compte la périménopause en entreprise, c’est avant tout mieux informer, écouter et proposer des aménagements simples et temporaires. Ces actions préservent le bien-être des salariées, favorisent la performance collective et contribuent à l’égalité professionnelle.
Source : Synthèse de la table-ronde Preventica Bordeaux, Clémence Andrieu pour ActuEL HSE.
