Un accident du travail (AT) ne coûte jamais “seulement” des soins et des indemnités. Pour l’entreprise, il génère aussi des coûts indirects bien réels : temps perdu, remplacements, production ralentie, pénalités commerciales, atteinte à l’image, etc. Cet article vous donne des repères concrets pour estimer le coût total d’un AT et prioriser la prévention.
Deux familles de coûts à additionner
1) Coûts directs (assurés)
- Dépenses prises en charge par la branche AT/MP (soins, indemnités, rentes…) et répercutées via votre taux de cotisation.
- À évaluer à la marge : quelle hausse de cotisation si vous avez un AT de plus ? (En très petite entreprise au taux collectif, l’impact peut être nul à court terme.)
2) Coûts indirects (non assurés)
- Temps et salaires non productifs (arrêt, encadrement mobilisé, enquête, gestion administrative, visites, etc.).
- Remplacements (intérim, heures supplémentaires, baisse d’efficacité d’un remplaçant non formé).
- Pertes de production, retards, rebuts, non-qualité, casse de matériel.
- Frais divers : expertise, juridique, pénalités commerciales, impact sur l’image et le climat social.
- Règle d’or : pas de double compte ; valoriser prudemment et justifier les hypothèses.
Ordres de grandeur utiles
- Coût total moyen d’un AT (toutes tailles/secteurs confondus, forte variabilité) : autour de 8 000 €.
- Coût par jour d’arrêt : typiquement 180 à 370 € / jour au total, dont 90 à 230 € / jour en coûts indirects.
- En très petite entreprise (taux collectif), le direct peut peu bouger à court terme ; l’indirect frappe immédiatement le résultat.
À retenir :
Le coût “invisible” (indirect) est souvent égal ou supérieur au coût “assuré” (direct). C’est lui qui désorganise l’activité et dégrade la performance.
Mini-exemples chiffrés (repères)
- AT avec 50 jours d’arrêt dans une entreprise au taux réel : le coût direct imputé (barème coûts moyens + majoration) peut atteindre ≈ 11 000 €. À cela s’ajoutent les indirects (souvent plusieurs milliers d’euros).
- AT de 20 jours en taux collectif : le direct additionnel peut être faible, mais les indirects (remplacement, heures perdues, casse) représentent facilement 1 000 à 2 000 €… parfois davantage selon le process.
Ces exemples sont indicatifs : ajustez toujours avec vos données (effectif, CTN, régime de tarification, process, saisonnalité, charge client…).
Comment estimer rapidement dans votre entreprise
- Qualifier l’AT : nombre de jours d’arrêt (IT), éventuelle IP, activité/CTN, régime de tarification (collectif/mixte/réel).
- Calculer le direct (si taux réel) en s’appuyant sur le coût moyen AT (IT/IP) et la majoration de l’année. Objectif : estimer l’impact sur votre cotisation AT/MP.
- Valoriser les indirects sans double compte : remplacements, productivité, heures de gestion, casse, retards/pénalités, qualité, image… Documentez vos hypothèses.
- Totaliser : Direct (à la marge) + Indirects (valorisés) = Coût complet de l’AT.
Astuce : partez du coût par jour d’arrêt (repère 180–370 €/jour) pour une première estimation, puis affinez avec vos chiffres internes (heures, remplacements, retards clients, etc.).
Pourquoi investir en prévention paie (vite)
- Moins d’arrêts = moins de désorganisation, de pertes de production et de stress pour les équipes.
- Performance opérationnelle : qualité, délais, satisfaction client, image employeur.
- Traçabilité et maîtrise du risque juridique.
ROI concret : réduire ne serait-ce que quelques jours d’arrêt par an évite plusieurs milliers d’euros de coûts indirects.
Aller plus loin : diagnostic & plan d’action
Vous souhaitez objectiver vos coûts et bâtir un plan de prévention ciblé (gestes & postures, organisation, matériel, formation) ? Je propose un accompagnement opérationnel adapté à la taille et au secteur de votre entreprise.
Sources : référentiels et méthodes d’estimation des coûts AT/MP, données INRS et retours terrain. Les montants indiqués sont des ordres de grandeur à adapter à votre contexte.
